Nell

°|° DESCRIPTION PSYCHOLOGIQUE °|°

¤ Caractère ¤
(Minimum 7 lignes pleines, évitez les énumérations)

Nell est une enfant calme et sage. D'ailleurs, sa tendance à ne pas s'énerver pourrait être prise pour une profonde indifférence, mais non, au contraire, on ne peut pas faire plus sensible qu'elle. Il lui arrive très souvent de pleurer, les larmes coulent d'elles-même, mais elle a horreur qu'on s'appitoie sur son sort, de même qu'elle n'aime particulièrement pas qu'on fasse attention à elle.

Car elle est seule, elle préfère rester dans son coin plutôt
que d'aller s'amuser avec les autres. Elle n'apprécie la compagnie que de quelques personnes, mais elle est plutôt indépendante et ça tombe bien car les gens n'aime pas vraiment lui parler car elle ne sait jamais vraiment quoi dire. Cette petite est timide et réservée, elle s'enferme dans son silence.

Si elle ne parle pas, elle s'exprime beaucoup en dessinant ou en écrivant. Son imagination est sans limite, elle est très créative. Elle s'invente tout un monde, peut être parce qu'elle est malheureuse dans celui où elle vit, car elle sait qu'il n'est pas parfait et en a marre de se sentir rejetée. Mais elle ne s'évade pas tant que ça de la réalité, car elle reste tout de même bien attentive à ce qui se passe autour d'elle.
En effet, elle est particulièrement observatrice et perspicace, surtout pour son âge. Son intelligence va avec sa maturité, elle ne se confond pas avec les adolescentes communes car elle fait vraiment attention à tout, et agit qu'après avoir bien réfléchi. Elle est très rusée aussi, on ne l'embobine pas comme ça, et il ne faut pas croire que son jeune âge fait d'elle une personne naïve.

Au contraire, vraiment très méfiante, elle n'accorde pas sa confiance à n'importe qui. En fait, c'est même plutôt difficile de la mériter, et quand on la perd, c'est finit. C'est triste de le dire, mais elle n'a plus d'espoir dans les gens. Elle a vu que l'intolérance reignait et que les personnes se faisaient les coups les plus bas et les plus méchants, alors elle ne croit plus vraiment en la gentillesse. Et si on lui fait un coup tordu, elle sera plutôt du genre à se venger en dix fois plus fort.

¤ Ce qu'il/elle aime, ses passions ¤
(Minimum 5 lignes pleines, évitez les énumérations)
ET
¤ Ce qu'il/elle n'aime pas, ses peurs ¤
(Minimum 5 lignes pleines, évitez les énumérations)

Nell aime dessiner, c'est sa passion. Elle a comprit que du bout de son crayon, elle pouvait inventer n'importe quoi, et décider elle de ce qu'elle voulait. Car elle aime bien ça, être maître de tout, elle aimerait vraiment tout refaire à sa façon.

Sa soeur, bien évidemment, fait partie des gens qu'elle apprécie : elle a toujours été proche d'elle et elle sait qu'elle peut se confier sans peine à elle. Ses parents aussi, même si elle les trouve injustes et que sa mère se montre particulièrement ignoble en ce moment, elle ne peut pas s'empêcher de les aimer, car ils font partie de sa famille.

Côté musique, elle a une préférence pour la musique irlandaise, sa mère est irlandaise d'origine, et Nell a toujours entendu les morceaux traditionnels, pendant son enfance. Elle aime aussi les musiques africaines et rythmées, ce qu'elle ne supporte pas en revanche, contrairement aux jeunes filles de son âge, ce sont toutes les nouvelles starlettes connues grâce (ou à cause) à la télévision.

Côté nourriture, elle n'a jamais été très difficile, mais elle aime particulièrement les sucreries, comme tous les enfants, et ça ne la dérangerait pas de ne se nourrir que de bonbons et de glaces. Elle aime beaucoup aussi tout ce qui est épicé, particulièrement la nourriture indienne. Par contre, elle a horreur de ce qui est frites/hamburgers et compagnie.

L'environnement où elle est à l'aise est calme voire silencieux, généralement petit et étroit, elle s'y sent mieux. Elle a horreur du bruit et du monde. Son endroit est vide, il n'y a rien ni personne, juste elle et son esprit. Elle préfère partir de rien pour imaginer n'importe quoi, c'est plus facile si rien autour ne la dérange.

Elle aime se mêler des affaires des autres ! Et oui, la demoiselle est assez curieuse, elle ne peut pas voir une lettre fermée sans se demander ce qu'elle contient, ou une porte verrouillée sans savoir ce qu'il y a derrière. Et pourtant elle déteste qu'on regarde ses dessins ou ses écrits. Elle trouve ça personnel, et ce serait un peu forcer la porte de son jardin secret de voir ce qui arrive à sortir d'elle. Quand elle les montre, c'est vraiment rare, et c'est un privilège. Aussi, ce que Nell n'aime particulièrement pas, c'est les gens qui viennent tout le temps demander "Ca va ?" ou "Pourquoi tu pleure ?" en clair, ceux qui se mêlent de sa vie. Oui, même si elle, elle est vraiment d'une curiosité maladive, elle se supporte pas que les autres veuillent savoir des choses sur elle. D'ailleurs, elle se déteste pour ça, parce qu'elle sait qu'elle fait le même chose que ce qu'elle reproche aux autres.

Elle n'aime pas montrer ses sentiments, en réalité, elle n'aime pas se montrer du tout. Elle est du genre à se faire toute petite et à se cacher dans son trou de souris. Ca va avec, elle n'aime pas trop qu'on lui fasse des compliments, non pas que ce ne soit pas gentil, mais ça la gêne tellement qu'elle aurait préféré qu'on ne lui dise rien du tout.

Avant, elle aimait rêver, elle rêve beaucoup, car ses songes la passionnent, ils sont si étranges qu'ils en deviennent de vraies histoires fantastiques spéciales, mais maintenant, elle ne sait plus si c'est elle qui rêve et est assez perturbée par ça. Car elle n'aime pas le fait qu'elle soit une mutante, elle a l'impression que ça lui pèsera toute sa vie, et que c'est à cause de ça que sa mère ne lui parle pratiquement plus.

Elle aime son chat Scully, c'est le seul membre de la famille dont elle sait qu'il ne la décevra jamais, il a toujours été là quand elle avait besoin de se confier à quelqu'un, et il est assez malin pour un chat. D'ailleurs, elle ne pourrait pas être séparée de lui car elle a vraiment de l'affection pour lui. C'est plus qu'un animal pour elle, c'est à la fois son journal intime, son ami, son ange gardien et sa muse. Quand elle n'a plus d'inspiration, il suffit qu'il se pose sur ses genoux pour qu'elle aie tout de suite des idées.

Sa phobie, c'est le vide, elle a un grand vertige, elle ne peut pas monter plus haut qu'au premier étage sans être totalement paniquée, elle ne prend ni l'avion, ni l'ascenseur, ni les escalators, ni rien qui bouge et qui est sensé la faire monter plus haut encore et encore.

Enfin, elle n'aime pas ce monde d'hypocrisie et d'intolérance quand lequel elle vit, et elle ça la déprime de se savoir impuissante face à l'humain particulièrement horrible qui vit dans ce monde, elle aimerait la paix sur la Terre, l'égalité des hommes, mais elle sait bien que ce sont des buts inaccessibles. Une de ses grandes peurs est celle du futur, elle sait qu'il ne sera qu'encore pire, elle pense être réaliste et pas pessimiste.

¤ Signe(s) particulier(s) ¤
(Si votre personnage présente une maladie particulière, QI élevé, etc)

Nell est très mature pour son âge, elle réfléchit en adulte, et a plutôt des réactions d'adolescente.
°|° HISTOIRE DE VOTRE PERSONNAGE °|°
Minimum 20 lignes pleines.. N'oubliez pas de parler de comment votre perso a découvert ses pouvoirs, pour les mutants ! N'oubliez pas que les pouvoirs des mutants n'apparaissent que vers l'adolescence donc pas avant 12/13 ans !

Des flammes. Des tas de flammes. La cuisine est en feu. Mais qu'est-ce qu'on va faire ? Magda est là. Oui, tiens-moi la main soeurette. Les flammes sont étranges. Comme irréelles. D'ailleurs si la fillette approchait sa main, elles ne brûleraient pas. Mais elles font peur. Peur à Magda. Le souffle court. Les mains crispées. Oui elle a peur. Ca se voit. Regarde, donne moi ta main. Là, là. Touche le feu. Non ne recule pas ! Bon s'il n'y a que ça... Je veux que le feu disparaisse ! Disparais ! Oh... ça a marché ? Ca a marché !

"Aaaaaaaaaaaaaah !!!!"

Magdalena Lowe se réveilla brusquement. Elle avait toujours eu une peur panique du feu, son cauchemar en conséquence l'avait beaucoup marqué. Heureusement que sa petite soeur avait été là sinon elle aurait fait une crise d'angoisse. Nell quand à elle venait de comprendre ce qu'elle avait fait, ça faisait plusieurs mois qu'elle parvenait à entrevoir les rêves des autres mais c'était la première fois qu'elle était vraiment consciente de ce qui se passait et mieux, qu'elle avait pu y ajouter son grain de sel. Elle l'avait senti, elle avait vraiment fait disparaître les flammes, elle. Mais qu'est-ce que tout celà signifiait ?

Oo°+°oO

Ce fut sous le signe du poisson que naquit la deuxième fille de la famille Lowe. Marie O'Briewn, la jeune maman sentit à ce moment là une grande joie, son deuxième enfant ! Déjà une petite merveille. Si seulement elle avait su que douze ans plus tard.... Mais le moment n'était pas encore venu. Pour l'instant, toute la famille des parents venait à tour de rôle caliner le nouveau-né.

Quelques mois plus tard, Marie, s'appercevant que son bébé était anormalement de petite taille, fut prise de la peur qu'il lui arrive quelque chose, elle voulut donc faire baptiser l'enfant, car elle était très croyante et était persuadée que si jamais Nell avait la protection de Dieu, ce serait mieux pour elle, et au cas où il lui arriverait quelque chose, elle serait assurée d'aller au Paradis. Seulement Christopher Lowe, le papa, n'était pas du même avis. Les deux adultes se disputèrent violemment, avant que Marie n'annonce : "Si tu ne me laisses pas faire baptiser Nell, je m'en vais avec elle chez ma cousine Virginie." Chris, se sentant impuissant laissa donc sa fiancée faire ce qui lui tenait tant à coeur. Le tout petit bébé fut donc impregnée d'une religion à laquelle elle ne crut jamais.

Quatre ans passèrent et la fillette se montrait plutôt distante avec sa grande soeur, qui voulait vraiment une poupée vivante. Elle qui avait envie de coiffer et maquiller la petite brunette, se trouvait bien déçue de voir qu'elle refusait de jouer avec elle. Au contraire, Nell était prise d'une volonté d'apprendre. Elle voulait savoir lire, et écrire, car dessiner ne suffisait plus pour elle. Elle voulait explorer un autre univers. Son père, heureux de voir qu'il avait une enfant intelligente, commença donc à lui enseigner les mystères de ces drôles de signes qui semblaient codés. Nell se montrait une élève brillante, elle mémorisait rapidement les choses et comme elle était réellement motivée, quelques temps après, elle sut lire et écrire comme un enfant de sept ans.

Elle entra donc dans une école privée, choisie des parents, où elle était la plus jeune. Faisant preuve de sèrieux, elle était aimée des professeurs, mais elle n'allait pas vers les autres élèves, elle préférait être seule. D'ailleurs les autres ne l'aimaient pas beaucoup, car elle leur faisait peur, à tout le temps être à part. Après avoir longtemps écrit, elle recommença à dessiner, et elle prenait vraiment ça comme une passion. Elle avait du plaisir à tenir un crayon dans ses mains et à en faire un véritable outil créatif, pour représenter ce qu'elle avait dans la tête.

Vers ses huit ans, Nell entendait de plus en plus ses parents se disputer. Sa mère accusait son père d'avoir une relation avec une certaine Catarina Wellman. Chris niait, mais Marie poursuivait et poussait des cris. Le lendemain, quand Magda et Nell allaient déjeûner, elle retrouvaient souvent des bouts de verres ou d'assiettes par terre. Enfin un jour, Chris annonça à sa famille qu'il ne pouvait plus continuer à vivre comme ça, il avait vraiment l'impression d'être étouffé dans cette maison. Il prit sa valise et dit au revoir, sauf qu'il rajouta à l'attention de Marie : "Je ne vais pas te laisser les filles, pas à une folle hystérique comme toi !" Puis il partit.

Les deux enfants ne comprirent pas de suite ce que voulait dire leur père. Ce fut un peu de temps après que leur mère commença à devenir vraiment inquiétante. Elle fouillait dans les chambres de ses enfants, persuadée qu'il y avait quelque chose de caché. Quand les deux soeurs rentraient de l'école, elle lisait l'intégralité de ce qu'il y avait marqué sur leurs cours, convaincue qu'il y avait un code, quelque chose d'écrit contre elle. Quand elle prit le carnet à dessins de Nell, la fillette le lui retira des mains brutalement. Marie essaya de le reprendre, elle disait : "Tout est là dedans ! Tout !" Mais l'enfant garda son bien. L'objectif de sa mère fut alors de parvenir à voir ce qu'il y avait dans ce carnet. Magda, inquiète, appelait tout le temps son père pour se plaindre. Un jour, il alla chercher ses deux filles à leurs écoles respectives et ils partirent tous les trois loin de New York.

Chris était archéologue, et fut appelé pour travailler en Egypte, les trois Lowe habitèrent donc dans une ville près du Nil, étouffante de chaleur. Les trois années passées là-bas furent merveilleuses pour Magda et Nell, leur père était très peu exigent, et la liberté des enfants était grande. Alors que Nell venait d'avoir onze ans, elle était ce soir là sur une grosse pierre non loin de la pyramide qu'explorait son père. Elle dessinait sur son fameux carnet, mais la lumière du jour baissait de plus en plus alors que la nuit tombait. Elle n'y voyait presque plus rien quand une lumière soudaine vint éclairer sa feuille. Elle se retourna et vit Sabaya et Tom. Sabaya avait douze ans et était la fille de marchands algériens, elle venait souvent voir comment ça se passait sur le terrain de fouilles, et Tom qui avait treize, était le neuveu de Catarina, une collègue à Chris. Nell ne leur avait parlé que très rarement, mais ils avaient l'air gentils. Et Nell avait changé, elle s'ouvrait un peu plus aux autres, quand ils virent donc lui parler, elle ne les rejeta pas et ils passèrent un bon moment. Ce fut les premiers vrais amis que la fillette se faisait.

Le bonheur était tel qu'il ne dura pas. Quelques semaines plus tards, alors que Nell commençait vraiment à vivre, son père fut arrêté pour enlèvement, et ses deux filles furent contraintes de retourner à New York, chez leur mère. Juste avant qu'elles partent Sabaya confia à Nell un collier qu'elle avait fabriqué elle. Elle la serra fort dans ses bras, lui jurant qu'elles se reverraient. Tom, lui, versa une larme, puis prit la main de Nell et l'emmena un peu plus loin. Quand ils furent isolés, il déposa un baiser sur les lèvres de la fillette et lui dit au revoir, sans pouvoir retenir ses larmes. Nell aussi se mit à pleurer, mais elle partit en courant, trop pleine de chagrin.

Revenue dans son ancien appartement, elle se renferma encore plus sur elle-même. Encore moins sociable qu'avant, elle ne parlait plus à personne. Sa mère s'était calmée, elle avait l'air plutôt normale, même si on voyait qu'elle avait trop vieilli d'un coup, peut être l'inquiétude durant trois ans d'avoir perdu ses enfants. Ne voulant plus aller à l'école, Nell pria sa mère de lui faire suivre des cours par correspondance. Comme Marie venait de retrouver ses filles et qu'elle leur cédait tous leurs caprices, elle accepta et la plus jeune resta à la maison pour suivre ses cours.

Peu après ses douze ans, la fillette commença à se rendre compte qu'elle avait quelque chose d'étrange. Elle faisait systématiquement les mêmes rêves que sa soeur ou que sa mère. Mais elle n'y prêta pas plus attention que ça. Jusqu'au jour du rêve de sa soeur qu'elle parvint à modifier par sa volonté. Elle en parla alors à sa mère et à sa soeur. Et si Magda se montra compréhensive, Marie ne parla plus du tout à sa seconde fille. Elle la méprisait, et Nell le ressentait, et ça la faisait se sentir encore plus mal. Malgré tout, elle fit comme si de rien n'était et continua sa vie, dessinant et regrettant sa vie d'Egypte. Mais le pire survint après. Plus la fillette passait de temps chez elle, plus elle se sentait surveillée. Alors elle commença à partir le matin pour revenir le soir, passant le plus clair de son temps à Central Park, à dessiner les gens ou les arbres. Quand il y avait quelqu'un d'endormi, elle entrait dans son rêve et essayait de le contrôler. Ainsi, elle acceptait un peu mieux sa situation, se disant que de toute façon, elle ne pouvait rien changer à ce qu'elle était.

Un jour vint troubler son quotidien : un jour particulièrement frustrant, où la fillette avait parlé à une jeune femme qui portait le même nom que sa mère. Quand elle apprit ceci, elle fut convaincue que sa mère l'espionnait. La soirée fut désastreuse... Un sac sur une épaule, son chat dans son tee-shirt, son carnet à dessin sous un bras, le pantalon trop long déchiré en bas, les cheveux rabattus sur la moitié de son visage, le regard vide, la trace des larmes sur les joues, son vélo près d'elle, une marche lente mais décidée. Pourquoi ? Pourquoi la haine de sa mère s'était accrochée à elle ? Pourquoi elle s'était infiltrée petit à petit jusqu'à ce que ça devienne insupportable ? Pourquoi elle l'avait prise au coeur ? Cette haine... Elle l'avait emprisonnée. Etranglée. Etouffée. Elle avait encerclée la petite fille telle un amas de nuages noirs, ils s'accumulent, et toute l'ambiance est alourdie, jusqu'à ce que ça craque. Partie de chez elle, pour de bon et pour toujours. Elle ne reviendrait plus, mais qu'avait-elle à perdre ? Une mère enragée et une soeur indifférente. La fillette serra Scully contre elle, elle le pensait très souvent, c'était le seul à en valloir la peine. Elle l'embrassa, et les larmes coulèrent d'elles-même. Mais qu'est-ce qu'elle avait fait ? Ou pensait-elle pouvoir aller à douze ans ? Elle, si réfléchie s'en voulait d'avoir agit impulsivement. A ce stade là, l'averse intérieure de la brunette se manifestait par ses larmes abondantes. Deux heures auparavant, son regard lançait des éclairs. Sa mère rentrait à peine et bien en colère, Nell croisait les bras contre elle et la fixait. Un peu perturbée par cette attitude comme par le reste chez la cadette des Lowe, Marie essayait de faire comme si de rien n'était, mais ne pouvait pas s'empêcher de tourner plusieurs fois la tête vers sa fille. Pour lancer, d'un air méprisant, un :

- Quoi ?
- Pourquoi tu m'espionnes ?
- Ne me parles pas sur ce ton !
- Tu évites la question.
- Et ne me réponds pas comme ça !
- Tu continues.
- NE ME PARLE PAS COMME CA TU M'ENTENDS ?
- Tu m'espionnes. J'ai le droit de savoir en quel honneur.
- FILE DANS TA CHAMBRE SALE MONSTRE !
- Bien. Le monstre va faire en sorte de ne plus te pourrir la vie.

Un noeud dans la gorge, une boule au ventre, Nell repartait dans sa chambre pour un petit bout de temps. Elle prenait un sac à dos assez grand, y mettait un tee-shirt, un jean et un pull, puis quand tout le monde était endormi, elle prenait des provisions dans le frigo et la nourriture de son chat, elle prenait quelques dollars à sa mère et à sa soeur, elle prenait son sac sur le dos, elle prenait son chat dans son tee-shirt, elle prenait son vélo, elle mettait sa veste, elle partait. Elle avait marché environ une heure, à côté de son vélo, car elle n'avait pas envie de le conduire, il devait être dans les onze heures du soir, il faisait nuit noire, la seule lumière provenait d'un lampadaire qui marchait mal, et elle ne savait même pas où elle était. Elle s'assit sur le rebord du trottoir et regarda un peu autour d'elle, elle ne reconnaissait rien, à deux pas il y avait une épicerie encore ouverte. Elle se rappela qu'elle avait le ventre vide, et prit donc dans son sac la boîte qui contenait la salade. Assise sur ce trottoir, l'air complètement perdue, d'un côté un sac et un carnet à dessin, de l'autre un vélo, un chat sur les genoux, en train de manger de la salade, une fillette d'une douzaine d'année maintenant sans aucune famille, dans les rues de New York.

Elle espérait quoi cette nuit là ? Un miracle ? Que quelqu'un vienne la chercher pour la mener vers un avenir meilleur ? Oui, elle avait fait l'erreur d'espérer, ça ne se reproduirait plus, elle savait à quoi s'attendre... Et pourtant cette nuit là, après avoir mangé sa salade, elle s'endormit sur le trottoir mouillé, serrant son chat contre elle. Quand elle se réveilla, elle était totalement perdue, et étourdie... Elle était enchaînée et se trouvait dans une sorte de camion sûrement... Comment s'était-elle retrouvée là ? Elle n'en savait rien. Près d'elle, il y avait deux fille, une un peu plus grande qu'elle, sûrement dans les quatorze ans, et une gothique de dix-sept, et il y avait un jeune homme aussi, qui semblait dormir. Lui aussi ne comprit pas ce qu'il faisait là, quand il se réveilla.

- On est où là ? Et... Qu'est-ce qu'il se passe ?

Ce fut la fille de quatorze ans qui répondit aux interrogations de tout le monde, sans élever la voix, dans un chuchottement :

- Me suis endormie dans les bras d'une flic. Me suis réveillée ici.

La gothique dit, d'une voix plus certaine :

- Tu peux parler, Clelia, ils ont bloqué nos pouvoirs, alors...

Ainsi ils étaient ici parce qu'ils étaient mutants... Nell apprit que la gothique s'appelait Aliya et était la soeur à Clelia, et que l'homme se nommait Lucas. Et elle se mit à pleurer... Non, c'était trop pour elle, elle ne put plus se retenir, tant pis pour sa timidité. Et Lucas se comporta comme un grand frère envers elle... Durant tout ce temps qu'ils étaient dans ce camion, il la serrait contre lui, alors qu'il ne la connaissait même pas, et pourtant, cette longue route les rapprocha, il était la présence qu'il lui fallait. Oui, Nell avait eu l'orgueil de penser qu'en partant, elle pourrait échapper à une vie horrible, et elle se trouvait dans une situation encore pire.

Quand le camion s'arrêta, au bout d'heures entières passées à rouler, les quatre mutants furent emmenés dans une sorte de camp, chacun seul dans sa cellule. Le temps passée en solitaire, elle réfléchit à tous les événements, comme si elle n'y croyait qu'à moitié... C'était peut être un cauchemar horrible et elle allait se réveiller. Un type alla la voir et lui demanda comment elle allait, avant d'enchaîner sur un discours dont il pensait qu'une aussi petite fille ne comprendrait pas. Mais pourtant elle enregistra la moindre parole anti-mutante, et eut l'audace de lui cracher à la figure, sans vraiment penser à ce qui pourrait être pire que maintenant, et le type lui injecta une sorte de produit qui lui fila une grosse migraine, mais surtout qui l'empêchait d'utiliser ses pouvoirs.

Combien de temps elle passa ici ? Elle ne s'en rendit pas vraiment compte, le matin elle était amenée dans un endroit où on lui faisait toutes sortes de tests, et si au début elle se montra très réticente, ils trouvèrent le moyen d'obtenir d'elle tout ce qu'ils voulaient.... Lucas. Elle ne pouvait pas les laisser faire de mal à son grand frère de coeur, alors elle exécutait ce qu'on lui demandait, ce qui était contraire à tout ce qu'elle voulait. Elle n'avait plus rien d'elle, ni son carnet à dessins, ni son crayon, ni son chat, ni sa volonté, et ni son amour pour n'importe qui. Mais un jour marqua la fin de ce mois ci dur : le jour où une jeune fille pyrokinésiste mit le feu au bâtiment pour faire diversion pendant que tous les mutants enfermés s'échappaient. Nell ne revit pas Lucas, mais croisa Clelia en compagnie d'un garçon qui se téléportait. Les trois jeunes furent bloqués par toute une armée, et Nell essaya la dernière méthode possible :

"Parlons d'humain à humain. Parce que vous avez beau croire le contraire, nous en sommes ! Nous étions quoi, à votre avis, avant de découvrir qu'on avait des pouvoirs ? Nous étions des personnes que nous sommes toujours. Vous pouvez nous exterminer, mais qui vous dit que demain ce ne sera pas vous qui vous découvrirez un talent exceptionnel ? Ou votre fils, ou votre soeur ! Vous brisez des familles, vous brisez des vies ! Vous n'avez donc pas d'enfant ? Vous croyez que c'est normal à douze, treize ou quatorze ans d'être traité de la sorte ? Vous nous traitez d'inhumains, mais qu'êtes vous donc alors ? Des hommes peut être ? Des homme avec conscience de la différence entre le bien et le mal ? Parce que c'est vous qui faites le bien ? Vous allez nous garder comme ça ? Non ! Je sais que vous allez nous tuer ! Parce qu'on est dangereux pour vous, parce que c'est vrai que trois enfants face à une armée, risquent de faire beaucoup plus de mal. Toi ! Tu me regardes avec ces yeux plein de haine, mais est-ce que je t'ai fait quelque chose à toi ? Est-ce que je suis en position de faire quelque chose contre toi ? Est-ce que c'est moi qui ai une arme pointée contre toi ? Et contre toi ? Et toi ? Et toi ? Et toi aussi là bas ! Vous me détestez, vous détestez Clelia, et aussi notre ami. Mais qu'est-ce qu'on vous a fait ? Pourquoi nous en vouloir ? C'est vous qui nous avez enlevés ! C'est vous qui nous avez enfermés ! C'est vous qui nous maltraitez ! Alors maintenant allez-y, tirez-moi dessus, je n'ai plus rien à faire. Je n'ai plus de famille, vous m'avez privé de mes amis, vous m'avez arraché mes oeuvres, vous m'avez détruite. Alors tuez-moi, de toute façon, c'est déjà presque fait."

Clelia la regarda, à la fois admirative et effrayée, et la plupart des militaires abaissairent leurs armes. Mais la vie serait trop belle si tout marchait comme ça, et si tout le monde était aussi compréhensif face aux paroles d'une enfant, aussi justes et aussi poignantes soient-elles. Celui à qui Nell avait craché au visage eut un rire sarcastique et applaudit, juste avant de perdre son sourire forcé et de regarder consciencieusement les trois adolescents.

"Quel beau discours mademoiselle. Mais vous vivez trop dans vos rêves.... De toute façon, nous ne voulons pas vous faire de mal, juste que vous nous aidiez pour la recherche, et tant pis si ça doit être douloureux. Et oui, je pense que vous êtes des monstres, des erreurs de la nature. Alors maintenant vous allez gentiment aller dans ce camion, sinon on va être obligés de vous blesser. Allez !"

A ce moment là, Clelia se pencha vers Nell et lui dit :

"Je n'ai plus de migraine, mon pouvoir doit être revenu !"

Et sans attendre, elle poussa un long cri de toute ses forces. Un cri suraigu qui fit trembler la terre et exploser la plupart des objets présents. Tout le monde fut propulsé de part et d'autre de la surface et Clelia continua à hurler comme elle ne l'avait jamais fait. Puis, elle cria à Nell et au garçon :

"Allez-y ! Jvais aller chercher Aliya !!!"

Sans plus attendre, l'autre enfant saisit la main de la fillette et ils se retrouvèrent dans une ville immense qui n'était connue d'eux qu'à travers les photos de ses monuments si populaires. Ils étaient à San Francisco. Les premiers jours, le garçon qui se trouvait s'appeler Sammy, utilisait son pouvoir pour voler à manger, et aussi un carnet à dessins avec crayon, gomme et taille-crayon, pour Nell, et une couverture. Généralement, ils passaient leurs nuits dans des immeubles abandonnés, et une certaine amitié se crééa entre eux... Voire plus. L'amour aide les gens dans leurs periodes les plus difficiles, et le premier vrai amour de Nell fut Sammy, et vice versa....

Peu après, le garçon voulut se téléporter quelque part et son pouvoir dut le lacher, car Nell ne le revit plus jamais. Une fois de plus livrée à elle-même, elle continua à habiter d'endroit en endroit, en essayant de ne pas se faire repérer. Son seul compagnon fut un chat qu'elle recontra dans un immeuble abandonné, il ressemblait tellement à Scully, que Nell ne put que l'adopter et le nomma Scully II.